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Les clivages nationalistes ravivés au début des discussions

Les présidents de groupe n’ont pas signé le document, co-rédigé par l’exécutif et Gérald Darmanin. La forme, le contenu ou les deux n’ont pas convaincu. Alors que le dialogue institutionnel s’ouvre, dans les rangs nationalistes, l’union autour de la cause est en désaccord

Quel sera l’avenir institutionnel de l’île ? Qu’est-ce que les insulaires choisis décideront de mettre derrière le mot “autonomie” et que ferez-vous “Ligne rouge” ne pas traverser au nom de l’unité nationale ? Trois jours de visites ministérielles provoquées par quinze jours de manifestations violentes n’ont pas réussi à effacer les nombreux rendez-vous manqués de ces dernières années entre l’Etat et la Corse. Les points de friction et les circonstances contre le gouvernement restent tels qu’ils sont. Le refus des séparatistes de confirmer leur signature sur le document officiel, qui a été signé tard vendredi, le prouve. Ce positionnement marque aussi une méfiance. Rétrospectivement, lorsque les élus ont défendu l’élaboration d’un “protocole de sortie de crise” en bonne et due forme, d’autres savaient d’emblée qu’ils avaient affaire à un “écrire un résumé de ce qui a été dit”.

« Politiquement, nous sommes bien en deçà des attentes »

A ce jour, la copie n’est pas parfaite. Ce n’est pas le contour d’un accord politique, mais un acte “établir un processus de dialogue entre les élus et forces vives de Corse et l’Etat dans le but de construire et de mettre en œuvre une réponse politique globale aux préoccupations exprimées”, il est fourni. Un document expressément demandé par les élus, qui a été imprimé en réponse à signer. Entre une visite à Bastia et un embarquement direct pour Paris. Après deux pages, bien, seulement deux signatures. Celui du ministre de l’intérieur et d’un président de l’exécutif qui semble plus isolé dans le processus.

“Je m’attendais à une réunion stratégique qui mettrait fin à quinze jours de révolte et de mobilisation et trois jours d’échanges, mais j’ai reçu un texto à 16h30 me demandant de le valider en salle pour 17 fois”, a-t-il déclaré. souligne Jean-Christophe Angelini, président du groupe Avanzemu, qui attaque tant la forme que le fond du rapport. « Politiquement, nous sommes bien en deçà du niveau attendu.

Non à l’autonomie avec remise

En parcourant les paragraphes, les signatures potentielles sont tombées sur les mots manquants. Les revendications formulées depuis le déplacement dans l’île – on pense notamment au statut du résident élu sous le mandat Giacobbi – ont été évitées. Les indépendantistes n’ont pas non plus redécouvert la notion de “peuple corse”, intrinsèque à leur idéologie politique. “Il n’a pas été acté l’ouverture des discussions à ce stade et il a été essentiellement établi le principe intangible de la Corse et de la République et le refus de deux catégories de citoyens”, insiste Paul-Félix Benedetti, président du groupe Core in Fronte. Les formules et expressions choisies auront donc convaincu l’indépendantiste de ne pas sortir sa plume. Cependant, il reconnaît que c’est la première fois que nous avons un véritable engagement écrit pour discuter de l’évolution institutionnelle de l’île. Mais pas question d’accepter “autonomie réduite”.

Prochain événement prévu

Pourtant, cette séquence corse marque un engagement “fondamental” pour le chef du PNC, et peut-être “Le seul engagement pris ” : la fusion en très peu de temps par Alain Ferrandi et Pierre Alessandri.

A vrai dire, il y en a une seconde : “L’engagement de découvrir toute la vérité sur les circonstances de la tentative d’assassinat d’Yvan Colonna.” Pas de quoi convaincre les présidents de groupe. Trop peu pour que le collectif, sous la houlette des étudiants, donne l’impression qu’un grand pas a été franchi. Vendredi soir, ils se sont retrouvés au Campus Cortes pour commenter l’épilogue de Bastia. Pour ces derniers, le compte n’y est pas et la mobilisation doit croître. Un grand événement est annoncé dans quelques jours à Ajaccio. Chuchoté la date du dimanche 27 mars est mentionnée. Dans cette décision, ils sont impliqués dans les mouvements indépendantistes Corse Libera exige la manifestation. Seule absente ce vendredi soir à Corte pour contenir l’amertume de la nouvelle jeunesse militante, les leaders du Femu et de la Corse. Gilles Simeoni n’a pas non plus insisté sur Corte. C’est le signe pour beaucoup d’observateurs que les fractures de la famille nationaliste qui avaient une cause commune autour d’Yvan Colonna ne se sont pas consolidées.

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Autonomie : promesse institutionnelle ou effet d’annonce…

La visite du ministre de l’Intérieur touchait à sa fin et les derniers échanges consignés et signés dans le rapport ont suscité les premières réactions politiques. Certains pour partager leurs peurs, d’autres pour se souvenir des thèmes ou de la colère qui s’exprimaient dans la rue il y a quelques jours.

Ce voyage sur l’île a certainement permis de progresser. Poursuivre les contours d’un long chemin de réflexion qui se construit avant de déboucher sur une éventuelle autonomie. Cette tournée “historique” qui reste à négocier.

Les militants indépendantistes de Corsica Libera se disent d’accord “une vraie solution politique peut réussir” et appeler pour “l’ouverture d’un véritable cycle politique dans le cadre de la résolution d’un conflit commencé il y a près de cinquante ans. Nous sommes prêts à y apporter notre contribution, car notre courant politique en a déjà eu l’occasion à divers moments de l’histoire récente”.

Dans un communiqué, le mouvement s’est tourné vers les “accords de Matignon”, le réseau d’armement du FLNC en 2014 et l’utilisation de la voie démocratique pour répondre aux revendications nationalistes, pour confirmer leur volonté de rester des interlocuteurs de choix et le débat ne fait que commencer. Cela dit, Corsica Libera pense que ce serait “prématuré, téméraire et pour le moins incohérent de considérer les déclarations de Gérald Darmanin comme l’assurance d’un progrès historique pour la Corse”.

“Un effet publicitaire sans contenu”

La question de la libération des prisonniers, de la reconnaissance du peuple corse reste un sujet de tension. En ce qui concerne la question de l’autonomie, il semble, selon Corsica Libera, » comme un effet publicitaire sans contenu précis. Le ministre souffle le chaud et le froid entre un ”statut à la polynésienne” et une simple évolution juridique en dehors d’une réforme constitutionnelle. Pour obtenir un statut d’autonomie que nous avons de notre côté comme une étape dans Vers l’indépendance nationale, passé au moins par la révolution du pouvoir législatif. Accès à la terre et à l’emploi (citoyenneté corse) et aux impôts (statut fiscal et social)”.

Autre prise de position, celle du député nationaliste Femu et Corse, Michel Castellani, qui était sur la scène de Bastia vendredi et qui a même réclamé une prolongation de la visite ministérielle. Il s’est dit satisfait. “Je suis heureux d’instaurer un dialogue que nous réclamons depuis des années sans le recevoir. Nous avons parlé de manière responsable pour résoudre les problèmes immédiats que nous connaissons, notamment ceux des prisonniers. D’inclure “que toute la lumière sera faite sur cette douloureuse affaire d’Arles. Au mérite, pour répondre aux problèmes culturels, sociaux et économiques de la Corse et essayer d’avancer dans le bon sens. Les voix discordantes, il les entend et fait confiance “Comprendre l’inquiétude des gens qui ont peur d’un entraînement incontrôlé, mais on n’est pas là pour ça. Et toutes ces déclarations vont dans le sens d’une ouverture. A partir de lundi je suis à Paris. On va travailler”. Dans la foulée, il obtient le nouveau délégué désigné pour les affaires de Corse. “Nous avons trouvé un ministre qui écoute, alors c’est, comme toujours, seul le résultat compte.”

Un référendum sur l’avenir institutionnel ?

L’avenir institutionnel de la Corse s’invite plus loin dans la sphère politique parisienne, notamment lors du Conseil national du PCF ce vendredi. Michel Stefani a ouvert le chapitre sur l’autonomie.

Et tandis que le candidat communiste, Fabien Roussel partageait pour commentaire “Il n’y a pas d’autonomie qui remplit le frigo des Corses !”, le secrétaire fédéral du Parti communiste corse devait clarifier la situation sur la base de faits historiques. Parlons de contenu, en rappelant qu’il y a eu de nombreuses réformes institutionnelles depuis 1982. La Corse, c’est-à-dire l’article 74 de la Constitution (Mélenchon a déjà dit oui) sortirait de l’ensemble métropolitain dans lequel elle se trouve depuis le 30. Novembre 1789, le jour où il fait le choix d’adhérer à la formule de Pascal Paoli “la nation française libre” En 1943, le peuple corse insurgé confirme ce choix en libérant son territoire du fascisme et de son pourquoi la Corse n’est pas une région extrême ou un territoire d’outre-mer Que devient le code du travail dans ces conditions, sachant que la Corse est trop souvent fuie ?Alors que les salaires sont les plus bas en France, les patrons insulaires expliquent déjà qu’ils ne peuvent pas augmenter les salaires.

Et d’ajouter : “Oui, il faut clarifier. Et ce qui s’applique au Code du travail s’applique aussi à l’éducation nationale, à la politique de santé, à la continuité territoriale, aux impôts, au rôle et à la place de l’administration et des services publics.”

Pour Michel Stefani, la solution politique, après la cour de récréation, mérite plus que quelques semaines de réflexion.

Et surtout exigerait, selon lui, “un vrai débat démocratique qui permettra aux Corses de décider en toute connaissance de cause, et d’organiser un référendum.”