Les HUG tentent de prévenir les formes graves de la maladie causées par le SARS-CoV-2 grâce à de nouveaux anticorps monoclonaux. Ce sont des traitements innovants qui sont réservés aux personnes à risque, comme celles qui sont immunodéprimées ou non vaccinées.
Pour protéger leurs patients particulièrement vulnérables au Covid-19, les HUG gèrent une thérapie à base d’anticorps monoclonaux pour certains de ces individus, qu’ils soient immunodéprimés ou non vaccinés. Et cela se fait dès les premiers symptômes.
Jusqu’à présent, les résultats sont encourageants car il y a peu d’effets secondaires et les symptômes disparaissent généralement deux jours après le traitement. Il y a aussi très peu d’hospitalisations parmi les personnes identifiées, malgré la fragilité des personnes à risque ciblées par le corps médical.
Quelle consolation sont les équipes mandatées par l’OFSP et la Direction – Générale de la Santé de Genève pour tester ce médicament et lutter contre les formes graves du Covid-19.
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Un antiviral pour une administration précoce
La thérapie par perfusion peut être administrée jusqu’à cinq jours après le début de la maladie. Depuis sa mise en place aux HUG en juin dernier, près de 400 personnes en ambulatoire ont bénéficié de ce médicament, et au moins autant en hospitalisation.
Aujourd’hui, les équipes attendent avec impatience l’arrivée de traitements bucco-dentaires moins chers et plus faciles à administrer. Mais ils ne sont pas encore disponibles en Suisse. Ceux-ci peuvent également être utilisés dans les populations à faible risque, mais aussi chez les personnes à risque, car leur efficacité est à peu près comparable à celle des anticorps actuels.
“Pour l’instant, nous pouvons administrer ces traitements par perfusion”, explique Alexandra Calmy, maître de conférences en maladies infectieuses aux HUG. “A l’avenir, cela se fera par exemple par voie sous-cutanée, ce qui permettra de le faire chez le médecin traitant ou au domicile du patient”, a-t-elle expliqué au micro du CQFD. Le professeur a été mandaté par l’OFSP pour utiliser les anticorps monoclonaux en traitement préventif ambulatoire des personnes testées positives au covid et à risque d’hospitalisation.
“Ce sont des anticorps qui neutralisent le virus avant qu’il n’entre dans la cellule. Cela agit comme un antiviral, qui empêche le virus d’infecter trop de cellules dans le corps.” Et d’expliquer que c’est la raison pour laquelle ce traitement doit être administré peu de temps après le diagnostic d’infection par le SARS-CoV-2.
La protéine Spike ciblée
La thérapie par anticorps monoclonaux attaque la protéine de pointe du coronavirus ; le corps médical doit donc rester extrêmement flexible avec les variants : « Un nouveau médicament peut très bien fonctionner sur une souche Delta et pas du tout sur une souche Omicron », explique Alexandra Calmy. “C’est vraiment très important pour nous de s’adapter aux tribus qui circulent en temps réel.”
“Le corps humain produit des anticorps, mais parfois pas en quantité suffisante ou assez rapidement.” Ce traitement permet d’éviter les formes graves et les hospitalisations. A titre d’illustration, sur les 134 premières personnes qui ont accepté d’être traitées de cette façon, une seule a été transportée à l’hôpital.
Un traitement coûteux
Le traitement est cher et payé par la Confédération : environ 2000 francs par injection. “En ce qui concerne le patient, le coût de la perfusion, soit environ 250 francs aux HUG, est remboursé par la caisse d’assurance maladie”, explique Julien Salamun, médecin assistant aux urgences ambulatoires des HUG. Il/elle est chargé(e) de sélectionner les patients éligibles au traitement par le biais d’un questionnaire.
La première administration a été faite le 25 mai 2021, avec REGN-CoV-2, actif contre Delta mais pas contre Omicron. Par la suite, le Sotrovimab a été utilisé, qui était efficace contre Omicron. On parle aussi de Ronapreve : une combinaison de deux anticorps monoclonaux développés par Roche et Regeneron. Il existe également une thérapie appelée Evushed développée par Astra Zeneca.
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Les personnes éligibles à cette thérapie doivent répondre à des conditions spécifiques. Tout d’abord, testé positif au Covid-19 à l’aide d’un test PCR. Ils doivent également répondre aux critères de la liste des personnes considérées à risque susceptibles de développer une forme longue ou sévère de covid, c’est-à-dire les personnes souffrant d’un déficit immunitaire, les femmes enceintes non vaccinées, les personnes non vaccinées présentant une comorbidité – notamment l’obésité, premier risque facteur – et les personnes de plus de 80 ans (Lire l’encadré).
La vaccination, toujours d’actualité
La vaccination n’est pas à négliger avec l’arrivée de cette nouvelle thérapie : “Ce n’est pas le but selon notre désir : c’est plutôt un complément”, note Julien Salamun. “Ce que nous voyons chez nos patients qui bénéficient de ce traitement, c’est que la grande majorité a été vaccinée mais n’a pas répondu à la vaccination.”
“Dans le fantasme collectif, avoir un traitement pourrait décourager certaines personnes de se faire vacciner, mais je ne pense pas que ce serait le cas”, dit-il avec optimisme.
Sujet radio : Sophie Iselin
Version Web : Stéphanie Jaquet
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