Après avoir fait rire des centaines de milliers d’abonnés aux réseaux sociaux sous le pseudo de Fatou Guinée, Fatou Kaba impose son humour dans “La Brigade” de Louis-Julien Petit, en salles le 23 mars. Entretien avec une révélation.
Formée sur les planches, Fatou Kaba est plus connue du grand public sous sa griffe Instagram Fatou Guinée, comme un angle pour son origine guinéenne. Sur les réseaux sociaux, l’actrice a commencé à se moquer de ses centaines de milliers d’abonnés, principalement à travers des conversations amusantes avec sa mère hors écran. Elle enchaîne avec un rôle dans la saison 2 de Valétiquette et un personnage dans lequel elle a voté Tout sur la 2ème étape. Le voici maintenant sur grand écran pour Kader, de Louis-Julien Petit, le 23 mars en salles. Elle donne la réplique à Audrey Lamy dans le rôle de Fatou, amie de l’héroïne et fille extravagante, décide de percer dans la télé-réalité. Une star en devenir, comme celui qui l’interprète. Entretien.
Comment avez-vous décroché ce rôle Kader ?
Fatou Kaba : A la base, le rôle était écrit pour un homme. Louis-Julien n’a pas trouvé l’acteur qu’il lui fallait, et le directeur de casting lui a montré mes essais pour un autre projet, qu’il voulait me rencontrer. J’ai donc passé le casting et ça colle. Nous nous sommes vus pendant 2 mois, j’étais complètement confus, je ne savais pas si j’allais être pris. Il m’a finalement dit qu’il voulait vraiment que ce soit moi. J’ai accepté car dans la vie il faut savoir relever des défis.
Kader, est donc votre première expérience de cinéma. Comment l’avez-vous vécu après Valétiquette ?
Fatou Kaba : Valétiquette, c’était plus facile parce qu’on parlait de rap, je ne me sentais pas dépaysé. Je viens d’un milieu très urbain, j’ai grandi en 93 à Aubervilliers et le rap fait partie de moi. C’était plus dur de jouer Fatou Kader parce que c’était un ADN différent. On attendait autre chose de moi.
Qui est-elle, Fatou out Kader ?
Fatou Kaba : C’est une fille qui a beaucoup de nuances, très sincère. Elle essaie toujours de bien faire. Elle veut être une star, mais elle en est empêchée. D’autre part, elle n’est pas gênée pour aider sa petite amie à réussir. Ils n’ont que l’un et l’autre auxquels s’accrocher dans la vie. Tous deux ont grandi dans une maison, ils se sont battus ensemble. Chacun se retrouve confronté à son propre destin. Fatou veut être une star, dans la lumière. On le voit tout de suite : peigne, cheveux roux, il faut y faire attention.
Audrey Lamy dit que vous avez presque eu du mal à y croire sur le plateau…
Fatou Kaba : C’est mon premier film et je me retrouve là avec Audrey Lamy, qui est dans le métier depuis plus de 10 ans, et François Cluzet, qui est une icône, un incontournable du cinéma français. C’est spécial parce que ce sont les gens que j’ai vus sur grand écran. Ce sont des stars connues et reconnues et je ne suis une star que dans mon monde des réseaux sociaux. Ce sont deux univers différents. Instagram est un sujet que je maîtrise. Le métier d’acteur est un autre métier. Audrey Lamy m’a beaucoup aidée quand j’en avais besoin sur le plateau. Et c’est vrai, j’ai été impressionné.
Comment le film s’est-il terminé ?
Fatou Kaba : Je me suis mis la pression parce que c’était dur. Avant moi, j’ai eu des gens qui ont applaudi les scènes en deux tâches alors que j’en faisais 15 sans savoir si c’était validé. Louis-Julien Petit ne dit jamais si c’est bien ou pas. Si nécessaire, la bonne poignée est déjà dans la boîte, mais il vous dira de continuer à vérifier pour voir si vous pouvez aller plus loin. Il aime les propositions, bien sûr, c’est pourquoi 90% des membres de son casting ne sont pas des acteurs professionnels. Sur ce plateau, j’ai appris qu’on peut être drôle tout en étant concentré.
Votre personnage a une scène géniale où elle prend une vidéo pour un casting. Avez-vous fait de nombreux castings ?
Fatou Kaba : On m’a proposé des projets qui ne m’intéressaient pas, donc je ne suis pas allé aux castings. J’attends la proposition qui me tient à cœur. Tourner pour tourner n’a aucun sens. Le cinéma est quelque chose qui me pousse, qui me veut. Nous devons choisir des rôles dans lesquels nous nous reconnaissons, qui nous font nous sentir vivants, à travers lesquels nous comprenons pourquoi nous sommes là.
“Je suis une fille d’immigrés et j’en suis fière”
Qu’est-ce qui vous a plu dans le fait de jouer ?
Fatou Kaba : Le défi que je voulais essayer. Tout le monde m’a dit que ça m’allait bien et je me disais “Pourquoi pas“. C’est en moi depuis que je suis petit.
Cathy Marie est prête à tout pour suivre son chemin. Pouvez-vous tous perdre vos croyances ?
Fatou Kaba : Oui, ce que fait Cathy Marie dans le film (quitter un restaurant où ce n’est pas envisagé, ndlr), je l’aurais fait dans la vraie vie. Je ne me force pas. S’ils ne me respectent pas, je prends ma veste et je conduis. Je ne discute même pas. Des opportunités se présentent parfois au moment où vous vous y attendez le moins. C’est à nous de les saisir.
Les réseaux sociaux font-ils toujours partie de vos priorités ?
Fatou Kaba : Les réseaux sociaux feront toujours partie de moi, ils m’ont permis de gagner en popularité, d’atteindre plusieurs de mes objectifs. Aujourd’hui, il ne s’agit pas de volonté, mais de manque de temps. Ça m’empêche de créer du contenu, mais il reste des épisodes que les gens n’oublient pas. À l’avenir, il y aura plus de travail effectué, plus en accord avec ma nouvelle piste. Je ne pouvais pas m’en détacher.
Vous dites vous intéresser aux causes sociales : lesquelles vous tiennent à cœur ?
Fatou Kaba : J’essaie d’aborder des sujets comme la cyberintimidation, la violence de quartier, les guerres ou l’immigration. Ce ne sont pas de simples sujets à débattre, on peut se sentir submergé par la passion ou l’enthousiasme. On ne peut pas toujours bien structurer son discours, mais j’essaie de me positionner sur beaucoup de choses dans l’espoir de changer de mentalité. Kader est parfaitement en phase avec mes principes, mes valeurs et ce que je représente. Je suis une fille d’immigrés et j’en suis fière. C’est une force.
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